La Tarantella de 1903 : quand le Sud dansait sur l’écran du Nord

Un film de seulement 75 secondes, tourné à Copenhague en 1903 par Peter Elfelt, photographe de la cour royale danoise et pionnier du cinéma, apporte la tarentelle du Sud de l’Italie dans son studio. Ce ne sont pas des paysans ni des musiciens populaires qui la dansent, mais deux étoiles du Ballet Royal Danois, Hans Beck et Valborg Borchsenius.

Le résultat est une rencontre surprenante : une danse méditerranéenne compressée dans les limites de la scène bourgeoise du Nord de l’Europe. Aujourd’hui, plus d’un siècle plus tard, ces quelques images survivantes nous offrent non seulement un document rare, mais la preuve que déjà à l’époque, le mythe de la tarentelle franchissait frontières, géographies et imaginaires.

Un siècle après, elle continue de nous parler de la force universelle de la danse : la capacité de résister, de se transformer et de renaître à chaque époque.

Au-delà du simple décompte des pas : nourrir l’essence de la danse traditionnelle

La danse traditionnelle est bien plus qu’une simple séquence de mouvements chorégraphiés : elle exprime l’identité et les valeurs des communautés qui la pratiquent. Enseigner ces danses en se contentant de compter les pas risque d’uniformiser les mouvements, transformant ainsi les danseurs en de simples exécutants, dépourvus de leur individualité. C’est là qu’émerge la nécessité d’une pédagogie spécifique, fondée sur l’histoire des patrimoines que l’on souhaite transmettre.

La tarentule mordait aussi bien les hommes que les femmes

Le terme « tarantisme » se réfère à la croyance, répandue du sud de l’Italie jusqu’en Espagne, selon laquelle une personne mordue par l’araignée venimeuse appelée tarentule devait se débarrasser du poison et du malaise en se consacrant à des « sons » et à la danse pendant plusieurs jours. Ce phénomène est lié à la danse de la tarantelle, souvent utilisée dans le rituel réel. L’univers magique lié à la « taranta » fait partie de la culture du Cilento, où la mythique araignée mordait indistinctement les hommes et les femmes, et la communauté organisait des événements spécifiques permettant des danses débridées et des comportements normalement découragés.

Atelier résidentiel 2024

Les ateliers résidentiels sont le fruit d’un projet porté par l’association depuis de nombreuses années. Ils s’ouvrent à tous, que l’on parle français, anglais ou italien. L’objectif est de partager le riche patrimoine représenté par les danses du sud de l’Italie. Cet échange autour de l’art secret de la danse permet à chaque participant de découvrir un nouvel univers culturel. Pendant la résidence, des workshops intensifs dédiés aux danses populaires du sud de l’Italie auront lieu, ainsi que des activités récréatives culturelles et didactiques

Interview avec Luca Rossi

Luca Rossi, artiste et musicien spécialisé dans la musique populaire italienne. Son spectacle, « Pullecenella Love », mêle la tradition païenne et sacrée à travers la danse et la musique folklorique. Luca Rossi, percussionniste expérimenté, explore l’importance des danses dans la construction de l’identité collective et la catharsis individuelle. Il réinterprète l’aforisma de Nietzsche sur l’homme fou en napolitain et met en avant la tammorra, instrument de rituels anciens, comme un symbole universel. L’article souligne également le lien entre la danse et la liberté, illustré par une performance dans une cage suspendue. Rossi exprime son admiration pour la puissance expressive du mouvement corporel et son engagement envers la fusion entre le classique et le contemporain dans ses œuvres.