Cette peinture, intitulée Lady Hamilton en Bacchante, fait partie de la collection de la Lady Lever Art Gallery à Liverpool. L’œuvre est exposée dans la salle 6, aux côtés d’autres portraits du XVIIIe siècle. Peint par Élisabeth Vigée Le Brun pendant son exil à Naples, ce tableau illustre parfaitement la rencontre entre l’art néoclassique français et l’Angleterre de la fin du XVIIIe siècle. Il met en lumière l’influence de la culture méditerranéenne, notamment à travers la pose du modèle inspirée des bacchantes antiques.

En 1787, lors d’un voyage à Naples, Goethe observa avec fascination la danse aujourd’hui connue sous le nom de Tarentelle :
« La danse qui porte le nom de tarentelle est très populaire à Naples parmi les jeunes filles de condition modeste et moyenne. Elles doivent être au moins trois : l’une frappe le tambourin et, de temps en temps, secoue les petites clochettes, tandis que les deux autres suivent la danse avec les castagnettes. Pour les jeunes filles, c’est une véritable passion, et elles y passent des heures ; on remarque souvent que cette danse soigne également l’hypocondrie, les piqûres d’araignée et, en général, toutes les maladies que l’on traite par la transpiration. »
Ces mots nous révèlent une Tarentelle vécue non seulement comme mouvement, mais comme expérience collective, soin du corps et partage social, profondément enracinée dans la vie quotidienne napolitaine.
Pendant son séjour, Goethe visita également la maison de Lord Hamilton, ambassadeur anglais. Son épouse, Emma Hamilton, entre Naples et Torre del Greco, créa les célèbres « Attitudes », performances mêlant danse, théâtre et prose, inspirées de l’Antiquité classique et des traditions locales.
Emma incarnait des figures féminines mythologiques telles que Médée ou Cléopâtre, et son répertoire comprenait également la Tarentelle :
« Elle sautait avec le tambourin à la main, courait comme une folle autour de la table : cheveux flottants, tête rejetée en arrière, bras et jambes presque projetés dans les airs ; on aurait dit l’une de ces ménades aux mouvements sauvages et presque irréels. »



Le comte d’Espinchal, noble français, notait dans son journal :
« Les dames Amicis, bourgeoises napolitaines, dansaient la tarentelle à merveille, mais Hamilton y mettait une volupté, une grâce capables de réchauffer l’homme le plus froid et insensible. »
Ses performances, inspirées par les peintures pompéiennes et la scène théâtrale animée de Covent Garden à Londres, révélèrent un talent unique : Emma Hamilton incarnait Cassandre, les Sibylles et des personnages shakespeariens, devenant ainsi une véritable icône du style néoclassique.
En 1790, le peintre Lock la représenta dansant une tarentelle vertigineuse en costume de paysanne, immortalisant la fusion entre art, danse populaire et théâtre.
Née en 1765 dans le Cheshire, dans une extrême pauvreté, Emma connut une jeunesse marquée par ses relations avec la haute société londonienne et ses premières expériences artistiques qui façonnèrent sa créativité. Envoyée à Naples comme protégée de Sir William Hamilton, elle le conquit et devint son épouse en 1791, révolutionnant également la mode féminine avec un style naturel et néoclassique, libéré des rigidités vestimentaires de l’époque.
Aujourd’hui, son nom est lié non seulement à la beauté et au théâtre, mais aussi à la Tarentelle, que grâce à Emma Hamilton devient spectacle, passion et mémoire culturelle, un pont entre la tradition italienne et la culture européenne.
Extrait du livre : La dernière tarentule – Danses et rituels dans le sud de l’Italie – Tullia Conte, Ed. Sudanzare
