Interview avec Luca Rossi

Tammorra Solo – concert de Luca Rossi

Samedi 22 février 2025

19h30 – 20h30
MICADANSES, (Studio May B),  15 rue  Geoffroy l’Asnier, 75004 Paris
PAF : 15 euros –> TIKET ICI

SUR PULCINELLA, NIETZSCHE ET LA TAMMORRA* : ENTRETIEN AVEC LUCA ROSSI
(traduction d’un article de 2013 par Tullia Conte, lien ici)

*Tambour sur cadre typique de la région de Campanie

Auteur et interprète de théâtre populaire et de musique folk de Campanie, percussionniste spécialisé dans les techniques et les styles des tambours sur cadre de la région méditerranéenne, Luca Rossi a collaboré avec de nombreux représentants de la scène musicale populaire italienne et de la musique ethnique internationale, tels que Teresa de Sio, Marcello Colasurdo, Enzo Avitabile, Orchestra Popolare Campana et Eugenio Bennato, entre autres. Auteur du livre « Il Raccontaio », il a reçu en 2009 le prix littéraire « Sergio Manetti » pour la poésie performative à l’Académie des arts d’Arezzo.

Avec Pullecenella Love, Rossi présente la tradition païenne et sacrée sur scène, avec des chants et des danses, le rythme ancestral et dionysiaque de la tamboura, jusqu’à la réinterprétation du célèbre aphorisme de Nietzsche sur l’homme fou, traduit en napolitain. Le spectacle invite le spectateur à réfléchir, à plonger dans un scénario qui engage tous les sens et qui tourne le regard vers l’avenir, le nouveau, l’inédit, à travers la force de notre passé, de nos racines.

Les danses sont une composante importante pour le jeune auteur, essentielles à la fois pour renforcer une identité collective particulière et pour expérimenter la fonction cathartique qui touche individuellement celui qui danse.

Le tambourin, instrument de la danse, stimule un besoin primitif qui « reste dangereusement assoupi aujourd’hui et que je crois devoir exorciser et sublimer de tout mon être. Et puis la poésie des pas, la gestuelle des corps, les codes conventionnels et toutes les évocations associées à la danse sont d’une beauté sans fin. »

Q : Dans « Pullecenella love », il y a deux grands classiques, Polichinelle et Nietzsche, et une action artistique qui veut mélanger le « classique » au contemporain ?

R : C’est un Pulcinella du troisième millénaire catapulté dans la dimension nietzschéenne de la mort de Dieu et de toutes les valeurs liées à la beauté. C’est un Pulcinella Masaniello qui croit en l’amour comme à-mors, sans mort. Il joue la tammorra et voit la pensée de Nietzsche comme prophétique et éclairante.

Q : La tammorra, instrument de rituels anciens mais aussi symbole de sentiments religieux profonds, tu l’avais déjà appelée « maman » dans un autre spectacle…

R : La tammorra est un instrument commun à de nombreux peuples, non seulement du bassin méditerranéen. Un tambour à cadre, très simple, qui accompagne depuis toujours la danse et le chant rituel. Sans discriminer personne. Comme une mère. En Campanie, nous sommes très attachés au culte marial qui accompagne toute l’année solaire. Souvent, à l’extérieur des sanctuaires, des groupes spontanés de musiciens et danseurs jouent la Tammurriata. Tout revient. Maman Tammorra, car toute la fête est pour elle. Un symbole vrai et rond où tout le monde se reconnaît et se serre la main.

Q : La dimension évocatrice de la danse populaire a une grande valeur pour toi. D’après un extrait de la promotion, je vois que tu as mis une danseuse (Lucia Scarabino) dans une cage, une suggestion qui m’a beaucoup plu : comment es-tu arrivé à la danse ? Et pourquoi la cage ?

R : J’ai commencé à m’approcher de la danse en rencontrant Gianni Rollin, l’un des plus grands danseurs de Tammurriata en Campanie. Il a été le premier à me parler de Bejard, de la danse des abeilles et de la gestuelle symbolique du corps. Ensuite, à Bologne, j’ai rencontré M. Martella avec Taranta Power et j’ai fait partie de sa compagnie de théâtre danse en tant que musicien. C’est là que j’ai rencontré Ashai Lombardo Arop, une danseuse et chorégraphe extraordinaire qui a consacré une grande partie de son travail de recherche aux danses ethniques de la Méditerranée.

Le concept de la danse dans une cage est né de ma rencontre avec la danseuse Lucia Scarabino, et de l’idée d’emprisonner la beauté et l’amour charnel. Dans Pulecenella Love, en effet, la danse se déroule dans une cage suspendue sur un échafaudage. Et, en déconstruisant tout ce discours symbolique, nous avions besoin d’un filet de protection pour les danseurs… J’admire énormément la force expressive du corps en mouvement, avec la musique ou le silence.

Ma musique a toujours été au service de la danse.

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