Entre cloches de verre et boîtes sonores : le pouvoir salvateur de la musique Portraits — La mort de Roberto De Simone, les objets de dévotion et les lieux.
Traduction de l’article paru dans Il Manifesto le 08/04/2025, signé par Flaviano De Luca
Quiconque a eu la chance d’être accueilli dans la maison-musée de Roberto De Simone, un appartement (en location, tenait-il à préciser) dans l’historique Via Foria, restait enchanté parmi les statuettes de la crèche, les ex-voto sous cloches de verre, les peintures sacrées, les tableaux représentant des musiciens du XVIIIe siècle, les âmes du purgatoire en bois ramassées chez les brocanteurs, les boîtes à musique. Et des instruments de musique comme la harpe de Viggiano à côté de son piano bien-aimé, l’objet qui l’a accompagné toute sa vie, de la maison de ses parents (lui souffleur dans les mélodrames populaires, elle vendant du savon fait maison la nuit) au « local américain » – les boîtes de nuit du quartier malfamé pour les militaires américains –, du conservatoire (diplômé en 1945) au théâtre San Carlo, lieu de ses importantes représentations publiques.
Dans une autre pièce de cette grande habitation se trouvaient quelques éditions de La gatta Cenerentola en différentes langues, les partitions, les scénarios de théâtre, les livres, les photographies dédicacées des membres de la Nuova Compagnia di Canto Popolare, les disques (y compris Chi è devoto. Le feste popolari in Campania, texte de 1973, avec les photos de Mimmo Iodice et La tradizione popolare in Campania, un gros volume publié par Emi en 1979 – avec un cahier de présentation et sept albums, témoignage des styles de chant et des anciens airs populaires comprenant tammurriate, berceuses, chants à ffigliola, strambotti et danses – republié récemment en CD par Squilibri Editore sous le titre Son sei sorelle). « Ue’ aiuto aiuto aiuto/ e ’o munno è ffernuto/ ue’ tutte li monache/ se vonno maritare ». (Hé, au secours, au secours, au secours ! / Le monde est fichu ! / Hé, tous les moines / veulent se marier !)
Fortement critique du tournant petit-bourgeois de la culture théâtrale napolitaine
ENTOURÉ des objets de dévotion d’une religiosité ancienne, on comprend mieux le catholicisme magico-rituel de ce génie absolu, compositeur et metteur en scène, qui a longuement étudié (et citait Ernesto De Martino et Pier Paolo Pasolini parmi ses phares) et s’est consacré à la sacralité de ces chants, rites, gestes, ce tissu liturgique de dialogues et d’improvisations dans lesquels se reconnaissait toute une communauté. La culture populaire était le champ d’expression privilégié des exclus, des pauvres, des déshérités qui seulement dans le rituel de la fête semblaient retrouver un sens et une signification à leur existence (comme le démontrent ses splendides paroles sur la fête de la Madonna dell’Arco, « d’une quotidienneté rassurante » et celle pour les Gigli de Nola, « d’une exubérance dionysiaque »). Fortement critique du tournant petit-bourgeois de la culture théâtrale napolitaine et des activités des institutions locales (il s’est brouillé avec Bassolino, De Magistris et la Fondation San Carlo pour les travaux inutiles qui ont modifié l’acoustique), De Simone, directeur artistique du Conservatoire S. Pietro a Majella pendant cinq ans, a longtemps caressé le rêve d’un Musée des Arts et Traditions Populaires où exposer le patrimoine d’objets d’art accumulés au cours d’une vie.
IL S’EST BATTU avec passion pour cette idée mise de côté par les politiciens décisionnaires, à tel point que le Maître a menacé à plusieurs reprises de l’envoyer à l’Académie Sainte-Cécile et au Musée des arts et traditions populaires de Rome. « Qu’est-ce que la musique ? Une chose dont il faut découvrir les aspects les plus cachés. La plus belle chose à expérimenter dans la vie, celle qui rapproche de Dieu. »

